Un pont en mer Baltique
Le projet de ce pont de 19 kilomètres sur le détroit germano-danois de Fehmarn, en mer Baltique, avait été évoqué pour la première fois il y a une quinzaine d'années, mais s'est longtemps heurté aux doutes de l'Allemagne quant à l'intérêt et au coût de ce chantier gigantesque.
Les deux pays ont signé une lettre d'intention, qui doit encore être validée par les parlements et donner naissance à un traité international. Le Danemark sera le propriétaire du pont et le maître d'oeuvre principal du chantier, tandis que l'Allemagne sera seulement responsable des infrastructures de jonction entre le pont et son réseau routier. Le pont comblera le dernier chaînon routier encore manquant sur cet axe, et permettra de relier Hambourg et Copenhague en 3h30 environ, contre 4h30 au mieux avec le trajet actuel qui implique une traversée en ferry.
M. Hansen, dont le pays espère des retombées positives pour ses exportations, a de son côté salué la création d'un "pont entre la Scandinavie et le reste de l'Europe." Le ministre des Transports danois a par ailleurs martelé que le pont, pour lequel l'Etat donnera une garantie publique, sera entièrement refinancé à long terme par le péage perçu. "C'est une grande victoire pour le gouvernement danois", s'est-il réjoui.
M. Hansen a expliqué son grand enthousiasme pour ce projet par le succès du grand pont qui relier déjà le Danemark à la Suède. L'Allemagne et le Danemark vont demander des aides financières à l'Union européenne, dont le montant pourrait couvrir 20% des coûts, espèrent les deux pays.
Emprunter le pont "coûtera à peu près aussi cher que prendre le ferry", soit une cinquantaine d'euros pour un trajet de 20 minutes, contre 45 en bateau, a dit M. Hansen. De quoi inquiéter la compagnie de ferries Reederei Scandlines, qui opère la liaison entre Rodbyhavn et Puttgartd. Autre opposant: la société gérant le port de Lübeck (LHG), qui a tout à perdre dans l'affaire: "Ce pont est une gigantesque machine à avaler de l'argent des contribuables, pour que les politiques se construisent un monument", a protesté son directeur, Manfred Evers.
Le projet est aussi très contesté sur l'île allemande de Fehmarn, à l'une des deux extrémités prévues du pont, qui craint pour son environnement naturel et son activité touristique. "Nous n'avons pas besoin de ce pont. Que va-t-il relier? Deux champs de colza?", s'indignait récemment dans la Tageszeitung, le maire de ce lieu de villégiature, Otto-Uwe Schmiedt.
Les Verts du parlement de l'Etat régional du Schleswig-Holstein (nord), qui va financer le pont à hauteur de 60 millions d'euros, ont parlé vendredi d'un "jour noir" pour l'île. Un collectif créé pour protester contre le pont, le NABU, a promis quant à lui d'engager des procédures judiciaires.