L’hélicoptère gagne ses lettres de noblesse dans le BTP. Sans devenir aussi présent que la grue ou la pelleteuse, ses interventions, peu à peu, se multiplient sur les chantiers
Le démontage avait été maintes fois retardé. Devant les difficultés de la tâche, les responsables de l’usine sidérurgique Sollac de Creil avaient baissé les bras, laissant à leurs successeurs le soin de régler le problème. Au cœur du site industriel, enchâssées au sommet des toitures, les 17 cheminées d’acier de l’usine, sous les assauts quotidiens de 50 ans de vapeurs corrosives, rouillaient dangereusement, à l’abri de toute intervention humaine. Puis vint le beau soir de décembre 99 et sa fameuse tempête. Les demoiselles de Sollac, comme le plus commun des platanes, n’y résistèrent pas. L’ultime effondrement des tours de métal rongé était inéluctable. Les ingénieurs envisagèrent classiquement de découper sur place les 17 cheminées, puis de les descendre en petits morceaux. Une opération particulièrement pénible et dangereuse pour les ouvriers, obligés de travailler sur les toitures de l’usine. Outre la sécurité, l’opération réclamait au minimum trois semaines, si le beau temps, de surcroît, voulait bien être au rendez-vous. En point d’orgue de l’opération, une très belle facture pour la mise au sol de 17 cheminées qui, malgré leurs 3,50 mètres de haut, n’en méritaient pas autant. Philippe Lenaert, le patron de l’agence Sécometal, en charge de l’entretien du site, eut alors recours au service d’Atout Levage, une société d’hélicoptère dirigée par Jean Luc Cozette. Une fois le plan établi, les écureuils de Jean-Luc Cozette levèrent une à une les cheminées avec la même facilité que Jean Valjean lorsqu'il soulève une charrette. Une fois soudées sur le sommet des tours deux oreilles d’arrimage, les appareils d’Atout Levage mirent ainsi moins d’une heure à poser sur le sol les 17 vieilles demoiselles. Loin des téléphériques alpins ou des opérations militaires, les écureuils d’Atout Levage venaient une fois encore de s’inscrire comme les nouveaux membres de la famille du BTP.
L’œil de cinéma au secours des silos déprimés
Pendant ce temps, à quelques centaines de kilomètres de là, au cœur des plaines sucrières du Nord, c’est à un autre hélicoptère qu'on fait appel pour inspecter les silos géants de sucre. Tout aussi agile que son grand frère, l’hélicoptère de la société Concrete est loin en revanche d’avoir la même force d’intervention. Ses atouts sont ailleurs. Dénué de pilote embarqué, l’hélicoptère de l’entreprise Concrete est en fait un magnifique jouet télécommandé, conçu au départ pour les prises de vues cinématographiques. Délaissant les tournages spectaculaires l’engin de l’entreprise se consacre en effet spécifiquement à l’inspection des ouvrages d’art. À son actif, on ne compte plus les autoroutes, les viaducs et les barrages surveillés et inspectés. Son vrai pilote est au sol. À ses cotés, une véritable régie contrôle sur écran les images captées en direct par le caméscope embarqué. La précision du guidage se fait au centimètre car sous les pales de 1,90 mètres d’envergure c’est un véritable concentré de haute technologie qui entre en action. Pendant que des gyroscopes stabilisent l’appareil, un lasermètre mesure en permanence la distance entre l’appareil et les parois du site. Au sol, un tachéomètre repère en x, y, et z un prisme monté sur l’engin qu’il suit jusqu’à des portées de 1000 mètres. Rien n’échappe à l’auscultation de l’expert inspecteur. Ainsi, son petit moteur thermique de 3,5 chevaux donne à l’appareil une durée de vol de 15 minutes pleines. Quinze minutes durant lesquelles le modèle réduit effectue un travail équivalent à celui de plusieurs dizaines d’hommes dotés d’une masse conséquentes de matériel pour un chantier de plusieurs semaines.
Avec ces deux exemples, l’hélicoptère petit ou grand démontre qu’il est en passe de devenir un partenaire à part entière des hommes de la construction.