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Camargue: quand des gendarmes jouent dans le sable avec les pelleteuses !

Publié le 03 décembre 2004

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Bout de paradis perdu aux confins de la Camargue, la plage de Beauduc était livrée dernnièrement à de bruyants engins de chantier venus avec 200 gendarmes en tenue de combat raser des cabanons illégalement construits. "On est là pour faire appliquer la loi. Ces installations sont un pied de nez à l'Etat de droit", tranche le sous-préfet d'Arles, Jean-Luc Fabre, dans le brouhaha de deux pelles mécaniques.
Camargue: quand des gendarmes jouent dans le sable avec les pelleteuses ! - Batiweb
Les constructions implantées dans le parc régional de Camargue (85.000 ha) servent pour la plupart de résidences secondaires de week-end aux habitants de la région. Elles ont été jugées illégales par une série de jugements prononcés par le tribunal administratif depuis 1995 et confirmés par le conseil d'Etat.

Elles sont sur le "domaine public maritime qui est par définition inaliénable et imprescriptible", souligne le sous-préfet, indiquant que l'opération de mardi visait 17 d'entre elles. "On a voulu donner un coup d'arrêt parce qu'on s'est aperçu que les gens n'exécutaient pas les décisions de justice", poursuit M. Fabre, selon qui 111 jugements définitifs au total ont été prononcés, sans résultat.

Située au bout d'une digue de terre d'une douzaine de kilomètres, la plage de Beauduc, occupée dès le 18ème siècle par des cabanes de pêcheurs, est devenue au fil du temps un village de baraques hétéroclites et de caravanes. "Un bidonville", estime le sous-préfet, selon lequel "d'une cinquantaine de cabanes dans les années 60, on est passé à 460 aujourd'hui au nom d'une coutume contre la loi.

" Seules une trentaine de personnes, essentiellement des pêcheurs, vivent toute l'année à Beauduc où, en l'absence de toute installation, ils récupèrent et filtrent leur eau et produisent leur électricité. Les gendarmes y ont même découvert mardi matin une petite plantation de cannabis alimentée par un panneau solaire. Un petit groupe s'affaire autour d'une cabane située non loin de là, sous l'oeil triste d'un vieux chien couché dans le sable. Des résidents sont venus aider l'un des leurs, un retraité de la mairie d'Arles, reconverti dans la pêche. Son logis sera épargné mais pas la caravane délabrée qui lui sert de dépendance.

"Ou c'est tout le monde qui doit partir, ou c'est personne", s'insurge Nouri Hader, un voisin, qui vit depuis 20 ans de la pêche à Beauduc.

Imperturbables, les mâchoires de fer de pelleteuses font voler les vitres en éclats et broyent les maisonnettes de planches et de tôles dont les débris sont évacués par une noria de camions sous le ciel bas et gris. Surnommés les "gratte-plages", les résidents de Beauduc sont engagés depuis des décennies dans un bras de fer avec l'administration. Ils ont une nouvelle fois reçu mardi le soutien du maire communiste d'Arles, Hervé Schiavetti, dont dépend Beauduc. Une réunion est prévue jeudi à la préfecture de région, à Marseille, entre les pouvoirs publics et les "cabanonniers".

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