Architecture : le Pritzker Prize attribué au Japonais Arata Isozaki
Le prix international créé en 1979 par la famille Pritzker, originaire de Chicago, a cette année été décerné à l’architecte japonais Arata Isozaki.
A l’origine, l’objectif de ce prix était d’encourager et stimuler une plus grande créativité au sein de la profession d’architecte. Désormais, il s’agit surtout de rendre hommage aux architectes dont le travail associe « qualités de talent, de vision et d’engagement », et « qui ont permis d’apporter une contribution cohérente et significative à l’humanité et à l’environnement bâti grâce à l’art de l’architecture ».
Arata Isozaki, lauréat cette année, avait 14 ans lorsque Nagasaki et Hiroshima ont été bombardées : « Quand j’ai eu l’âge de commencer à comprendre le monde, ma ville natale a été dévastée. J’ai donc grandi près de rien. C’était en ruine complète, il n’y avait pas d’architecture, pas de bâtiment, pas même de ville. Ainsi, ma première expérience d’architecture a été le vide d’architecture, et j’ai commencé à réfléchir à la manière dont les gens pourraient reconstruire leurs maisons et leurs villes », explique l’architecte aujourd’hui âge de 87 ans.
Arata Isozaki, architecte cosmopolite
Huitième lauréat japonais depuis la création du prix, Arata Isozaki est considéré comme l'un des premiers architectes de ce pays à s'être tourné vers l'Occident, notamment par le biais de nombreux voyages d'étude : « Je voulais voir le monde à travers mes propres yeux, alors j’ai parcouru le monde au moins dix fois avant d’avoir trente ans », indique-t-il.
L’architecte mondialement connu a réalisé, sur quatre continents, des bâtiments aux fonctions très différentes : le Museum of Contemporary Art (MOCA) de Los Angeles (1986), l'immense arène couverte Palau Sant Jordi pour les Jeux olympiques de Barcelone en 1992, ou encore le National Convention Center au Qatar (2011).
Outre son cosmopolitisme, Arata Isozaki est connu pour n'avoir jamais cherché à affirmer un style identifié, se montrant soucieux d'intégrer son architecture aux lieux de ses réalisations. « Mon plaisir est de créer des choses différentes, pas de répéter la même chose », expliquait-il, en novembre 2017, au site spécialisé ArchDaily.
« De toute évidence, Arata Isozaki est l’une des personnalités les plus influentes de l’architecture mondiale contemporaine, constamment en recherche, n’ayant pas peur de changer et de tenter de nouvelles idées. Son architecture repose sur une compréhension profonde, non seulement de l'architecture, mais également de la philosophie, de l'histoire, de la théorie et de la culture. Il a rapproché l’Est et l’Ouest, non pas par mimétisme ni par collage, mais par la création de nouvelles voies. Il a donné l'exemple de la générosité en soutenant d'autres architectes et en les encourageant à participer à des concours ou à des travaux collaboratifs », explique le jury pour justifier son choix.
La cérémonie de remise du prix aura lieu au château de Versailles, en mai prochain. En 1995, l’architecte Tadao Ando avait déjà reçu le Pritzker Prize au Petit Trianon, situé à quelques mètres du château. Comme tous les lauréats de ce prix, Arata Isozaki recevera alors une subvention de 100 000 dollars et un médaillon de bronze, institué depuis 1987.
C.L (avec AFP)
Photo de Une : ©Hisao Suzuki, Ceramic Park Mino