Prévention : comment faire baisser le nombre d'accidents sur les chantiers ?
En 2012, les accidents du travail dans les métiers du BTP ont coûté 3 à 5 milliards d'euros pour les entreprises. Dans le top 3 des accidents les plus fréquents sur un chantier, la manutention manuelle, les accidents de plain-pied et les chutes de hauteur.
Depuis une dizaine d'années, les études révèlent que le nombre d'accidents est en baisse, notamment grâce à la prise de conscience des entreprises des enjeux humains, économiques et juridiques au coeur de cette sinistralité.
Mais il reste encore des progrès à faire : « En matière de sécurité, les progressions sont lentes et les régressions fulgurantes », constate Marc Girard, responsable formation grands groupes OPPBTP. En cause : les mauvaises habitudes, difficiles à perdre et des règles de sécurité souvent bafouées. Pourtant, « 85 % des accidents graves auraient pu être évités par la personne qui en a été victime », affirme Marc Girard.
85 % des accidents auraient pu être évités
Au coeur du message, la prévention mais pas seulement. Il existe en effet un certain nombre de règles sur un chantier afin de limiter les risques à effets immédiats (conséquences directes sur la santé de l'employé), les risques à effets différés (TMS, amiante, surdité etc.) ou l'exposition des salariés sur leur lieu de travail. Par exemple, donner des consignes de travail, mettre en place de balisage, de blindage ou apporter des solutions mécanique pour soulager un travail pénible pour le salarié.
Mais elles ne suffisent pas à supprimer totalement le danger. « La mise en place de règles sur un chantier ne permet pas de tout maîtriser. Si vous imposez des contraintes sans faire prendre conscience à vos salariés des véritables problèmes sur un chantier, cela ne fonctionnera pas. Il faut que les salariés soient intelligents, c'est-à-dire qu'ils soient capables de s'adapter à toutes les situations », analyse Marc Girard en illustrant ces propos avec la pyramide de Franck E. Bird.
Agir sur la base de la pyramide de Bird
Statistiquement, dans le BTP, pour 2 millions d'actes dangereux et de prises de risque, un chef d'entreprise peut s'attendre à 400 blessures graves, 20 000 blessures comptabilisées, 240 000 presqu'accidents, et un décès tout en haut de la pyramide.
« Si on parvient à s'attaquer à la base de cette pyramide en imposant par exemple une tolérance zéro face à un acte dangereux, alors on fait mécaniquement baisser le risque de décès, de blessures graves etc. », poursuit-il. « Mais cela nécessite aussi un changement de la part des entreprises en matière de culture de la sécurité ». C'est tout le rôle de l'OPPBTP.
Cet organisme de conseils en prévention, sécurité et santé pour les salariés du bâtiment et des travaux publics produit de la documentation sur toutes les solutions techniques pour les chantiers. Plus important encore, elle réalise des diagnostics dans les entreprises afin de déterminer son niveau de culture de la prévention. Elle propose ensuite un plan d'action sur trois thèmes : organisation, technique et humain en fonction des besoins et des ressources humaines et financières de l'entreprise.
Un investissement gagnant-gagnant
« Nous leur apportons de nouvelles pratiques dans les fonctionnements collectifs et individuels et nous leur donnons des pistes et des leviers pour communiquer, informer et former les chefs d'entreprises et les salariés. Le but est que l'entreprise parviennent ensuite à devenir autonome pour s'améliorer », précise Georges Girardi, responsable de la formation professionnelle continue pour l'OPPBTP.
« Les entreprises doivent comprendre que la prévention n'est pas un investissement perdant mais gagnant-gagnant pour elle et leurs salariés », conclut-il.
C.T
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