La France en retard sur le recyclage des déchets du BTP ? Pas si sûr. C’est ce qu’ont voulu démontrer l’Unicem et l’UNPG à travers une étude. Confiée au CERA (Cellule économique Rhône-Alpes), elle donne une tendance, à l’échelle de la région. Qui devrait être étendue au national prochainement.
Le taux de valorisation des déchets générés par l’activité BTP en Rhône-Alpes est de 62%. Ce taux ne comprend pas les terres et matériaux meubles non pollués, les graves (mélange de sable et gravier) et matériaux rocheux, ainsi que les déchets dangereux ; soit 13 millions de tonnes comptabilisés. Sont intégrés les déchets (non inertes non dangereux) générés lors des travaux des ménages estimés à 154 milliers de tonnes.
Entre 67% et 70% des déchets seraient acheminés vers des installations de valorisation. Parmi eux, 78% des déchets accueillis sont effectivement valorisés auxquels viennent s’ajouter 1,4 millions de tonnes réemployés sur les chantiers de travaux publics.
Ces chiffres issus d’une étude menée par le CERA (Cellule économique Rhône-Alpes) sont là pour montrer le dynamisme d’
une filière, celle des granulats, et de son activité recyclage. Aujourd’hui, 30% des granulats utilisés dans le BTP sont issus du recyclage de déchets de chantier notamment, estiment les professionnels. Ce qui correspond à autant de ressources qui ne seront pas prélevées dans le milieu naturel.
Une science qui montre ses limites
Pour autant, on ne construira pas la ville avec la ville à 100%. La réutilisation des matériaux montre ses limites. Même si le développement du recyclage a suppléé à la hausse de la consommation liée à la dynamique démographique nationale, 25% de déchets inertes recèlent peu de potentiel supplémentaire car constitués majoritairement de terres ou matériaux argileux, et ne pourront en aucun cas couvrir les besoin des années à venir.
Des progrès peuvent encore être faits. Les organisations professionnelles oeuvrent en ce sens, en mettant en oeuvre des guides régionaux, par exemple sur le chaulage afin d’optimiser la valorisation des matériaux argileux. La traçabilité est également à améliorer : 1,2 million de tonnes échappent encore au contrôle de la filière, et sont
déposées de manière illégale dans la nature.
Avec un nombre de carriers décroissant, le message de la profession est clair : conservons le maillage existant, qui favorise une offre de proximité aussi bien pour l’accueil et le recyclage des déchets du BTP que pour les sables et graviers naturels.
Le
gisement des déchets du BTP représente, en France, environ 250 millions de tonnes par an, issues de la démolition (immeubles, ouvrages de génie civil) ou de grands chantiers linéaires tels que ceux des lignes à grande vitesse (LGV). Parmi ces déchets, ceux dont la qualité est la meilleure servent à la production de granulats. Ceux de qualité moindre sont réutilisés dans la fabrication de sous-couches (routes, parkings). Ceux de qualité inférieure enfin, sont valorisés en réaménagement de carrières ou fabrication de merlons (buttes) ; les moins performants étant stockés en décharge.
Laurent Perrin
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