Artisan local, businessman... quel type d'entrepreneur du bâtiment êtes-vous ?
Dis moi ce qui caractérise ton entreprise et son mode de gestion, je te dirai quelle catégorie d'entrepreneur du bâtiment te représente le mieux. C'est en somme le fil conducteur de l'enquête de la Fédération Française du Bâtiment (FFB) sur les multiples profils des entrepreneurs du Bâtiment, dévoilée mercredi en prémices des 3èmes « Rencontres du GCCP et de la CSEEE », dédiées au thème « Le dirigeant de demain face aux nouveaux enjeux des métiers du bâtiment.».
« Nous nous sommes intéressés aux chefs d'entreprise pour analyser comment ils se perçoivent, comment ils appréhendent leur rôle, leur entreprise et enfin l'environnement de cette dernière », a résumé Jérôme Vial, directeur de la stratégie et des projets réseaux de la FFB, avant de présenter les résultats en avant-première.
Menée pour la cinquième année consécutive à partir d'entretiens en face en face avec les chefs d'entreprise complétés par plusieurs centaines d'interviews téléphoniques, l'étude a permis d'identifier six profils inhérents au secteur.
Profil N°1 : l'artisan local
L'artisan local est le premier profil d'entrepreneur qui se dégage de l'étude de la FFB. Plusieurs caractéristiques lui sont propres, à commencer par une volonté de faire exclusivement du sur-mesure. Par ailleurs, ce dernier, qui de manière générale délègue très peu, intervient directement sur tous les aspects de l'entreprise. En outre, il ressort de l'étude que l'artisan local joue sur la proximité, et trouve essentiellement ses clients par le biais du bouche à oreille. Enfin, il répond à tous les marchés et ne croit pas aux outils d’organisation.
Profil N°2 : l'artisan spécialiste
Contrairement à l'artisan local, l'artisan spécialiste est expert dans un créneau. Selon l'étude, ce type d'entrepreneur aurait davantage tendance à vouloir rester proche et maître de ce qu'il dirige. Fier de ce qu'il fait, il aime être montré en exemple et ne cherche pas forcément à faire évoluer la taille de son entreprise. De manière générale, il va suivre la demande et son marché peut de ce fait aussi bien être local que régional, national ou international.
Profil N° 3 : le chef d’entreprise familiale
Le chef d'entreprise familiale est détenteur d'un patrimoine familial dont il doit assurer la pérennité, et qui se trouve souvent être une entreprise de taille moyenne. Soucieux de l'image et de la réputation de son entreprise, ce dernier est généralement persuadé que les clients se tournent vers lui pour ces crirères et entretient par ailleurs un lien fort avec ses salariés.
Profil N°4 : l'organisateur
Arrivé plus récemment dans la typologie des chefs d'entreprise du bâtiment, l'organisateur a pour objectif, selon l'étude de la FBB, d'organiser et de piloter son entreprise de façon systématique. Ainsi, il procède à de la veille, il analyse tant les marchés que les tendances et met en place des outils, notamment de pilotage et de gestion.
Profil N°5 : l'industriel
A la différence de l'organisateur, ça n'est pas la gestion mais bien la production que l'industriel entend piloter, en valorisant la maîtrise technique d'un procédé notamment. De même, parmi les attributs qui le caractérisent, l'industriel n'hésite pas à faire des choix, à cibler sa clientèle, parier sur un marché ou encore à investir pour être compétitif. Enfin, ce type d'entrepreneur à tendance à aimer les chantiers qui sortent de l'ordinaire.
Profil N°6 : le businessman
Présent depuis les années 2000, le businessman est le dernier profil de chef d'entreprise à être apparu dans la typologie. De manière générale, ce dernier ne s'investit ni en technique, ni en organisation mais aime faire des montages juridiques. Constamment à l’affût de la demande, il se déplace en permanence. Enfin, cette catégorie d'entrepreneur se distingue des autres par une prédisposition à pouvoir quitter le secteur.
Stratégie, pessimisme... qu'enseigne cette typologie ?
Selon Jérôme Vial, cette enquête fait émerger deux profils économiques. Le premier, un modèle relationnel, regroupe l'artisan local, le spécialiste et le chef d'entreprise familiale. Le second, un modèle « industriel » est basé sur une logique de politique de l'offre et regroupe l’organisateur, l'industriel et le businessman. « Ce dont l'on se rend compte, c'est qu'il n'y pas un bon ou un mauvais type d'entrepreneur : le succès de chacun repose sur leur adaptation respective au marché, a souligné le directeur de la stratégie et des projets réseaux de la FFB. On observe que de ce point de vue là, les entreprises de type famille sont les plus en difficulté s'agissant de leur adaptation et subissent une concurrence forte de la part des organisateurs et des industriels. »
En outre, les six profils d'entrepreneurs mis en évidence par l'étude correspondent respectivement à trois types d'entreprise, à savoir celles qui sont en difficulté, celles qui « savent où elles vont » et ont mis en place une stratégie ou enfin, celles qui au contraire « ne savent pas pas où elles vont ». « On remarque que pour cette dernière catégorie, il y a un lien direct entre la difficulté à définir une stratégie et le problème de confiance qui génère le pessimisme sur l'avenir de l'entreprise », a souligné Jérôme Vial.
Audrey Le Guellec
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