La RT 2012 se base sur un seuil de renouvellement de l'air insuffisant, selon l'ICEB
« Le moteur de calcul de la réglementation thermique est basé sur des débits de ventilation réglementaires, donc très bas. Si l’on opte pour des débits plus élevés, automatiquement la consommation énergétique augmente, même avec des équipements très performants, avec le risque de ne plus être conforme à la réglementation en vigueur », s'alarme l'Institut pour la conception écoresponsable du bâti (ICEB), alors qu'un quatrième décret sur la qualité de l'air intérieur est attendu pour fin mai.
En effet, au 1er janvier 2015, la surveillance de la qualité de l'air intérieur dans l'ensemble des bâtiments recevant du public et notamment des enfants de moins de 6 ans devient une obligation légale. Or, le règlement sanitaire départemental type fixe, pour la ventilation des crèches, un seuil de renouvellement d’air de 15 m3 heure/personne.
« Un seuil insuffisant pour assurer une qualité d’air intérieure satisfaisante pour les enfants qui inhalent deux fois plus d’air que les adultes relativement à leur poids, et dont le métabolisme d’élimination des substances toxiques est plus faible », explique l'ICEB. « Par ailleurs, le taux de renouvellement d’air influence la transmission des maladies contagieuses aéroportées. Plus le débit descend en dessous de 27 m3.h/personne, plus le danger de contagion augmente. En revanche, au-delà de 27 m3h/personne, le risque diminue progressivement jusqu’à 70 m3.h/personne », détaille-t-il.
Tripler le seuil de renouvellement de l'air
Face à ce constat, l'ICEB préconise d'augmenter le seuil de renouvellement de l'air, à 30 m3.h/personne minimum, voire de viser 45 m3.h/personne, dans les locaux accueillant de jeunes enfants. « Mais avec 45 m3.h, on est quasiment sûr de ne plus être « conforme» à la réglementation actuelle », déplore l'ICEB.
Pour ne pas avoir à choisir entre qualité de l'air intérieur et performance thermique, l'ICEB demande aux professionnels du bâti « d’anticiper et de prévoir en amont des dispositifs qui répondront aux évolutions réglementaires de demain, sans surcoût pour le maître d’ouvrage ». L'institut cite plsuieurs exemples : gaines déjà dimensionnées au débit de ventilation correct, emplacement disponible suffisant pour leur passage, emplacement et puissance électrique pour une centrale de traitement d’air plus volumineuse, ventilation naturelle…
Et l'institut prévient : « un bâtiment dont la facture d’énergie est plus faible mais qui offre une qualité d’air insuffisante, sera à terme beaucoup plus coûteux pour la collectivité : développement des maladies infantiles, multiplication des risques d’allergies, notamment de l’asthme, augmentation des frais médicaux, des hospitalisations et des arrêts maladie, mais aussi surémissions de CO2 liées à l’accroissement de déplacement ».
La question des interrelations entre qualité de l'air et santé sera notamment abordée à l'occasion du 4e colloque «Les Défis Bâtiment Santé ». Il aura lieu le jeudi 22 Mai 2014, au Centre des Congrès de la Cité des Sciences et de l'Industrie de la Villette.
C.T