La facture énergétique de la France atteint des records
Dans son bilan énergétique de la France pour l'année 2012, le ministère du développement durable fait état d'une facture énergétique française à son plus niveau jamais recensée. Elle s’est alourdie de 7 Md€ en un an (+ 11,4 %) et de 30 Md€ depuis 2009. Elle a représenté ainsi l’équivalent de 3,4 % de la richesse produite dans le pays, après 3,1 % en 2011 et 2,4 % en 2010, contre seulement 1 % dans les années 1990. La facture énergétique dépasse le déficit commercial de la France (67,2 Md€). La seule facture pétrolière s’est chiffrée à près de 55 Md€, en hausse de plus de 4 milliards (+ 8,4 %) par rapport à 2011.
Cette progression de la facture pétrolière est liée à un effet quantitatif des produits raffinés et à un effet prix affectant l’ensemble des produits, indique le ministère. La facture gazière a également été en forte progression : + 16,3 % sur un an, pour un total d’environ 13,5 Md€. Cette tendance a résulté de la hausse des prix qui a touché à la fois les prix spots et les contrats à long terme, dont le prix a fluctué en fonction de celui du pétrole brut (avec cinq mois de décalage). Les contrats à long terme ont représenté en France 85 % des entrées brutes. La facture charbonnière a atteint 2,4 Md€, en hausse de 6,2 %, sous l’effet d’une progression des quantités importées pour les besoins des centrales électriques. Le prix moyen des importations a baissé en effet d’environ 5 % entre 2011 et 2012.
Seules les exportations d’électricité ont permis d’atténuer le déficit de la facture énergétique, même si l’excédent commercial dû aux échanges d’électricité en 2012 s’est rétracté sensiblement (1,9 Md€, soit -29 % par rapport à 2011). Le poids relatif de la facture énergétique dans les importations est remonté pour la troisième année consécutive : 16,7 %, soit plus d’un point qu’en 2011. Le dernier record de 2008 est désormais dépassé (16 %). En 2012, il fallait en moyenne 57 jours d’exportations totales du pays pour compenser la facture énergétique, soit 4 jours de plus qu’en 2011. Il faut remonter à la période du second choc pétrolier (1985) pour trouver une facture énergétique plus lourde relativement au commerce extérieur.
Les dépenses d’énergie dans le logement ont bondi
En 2012, les dépenses courantes d’énergie des ménages ont augmenté de 6 % par rapport à 2011, soit deux fois plus que l’année précédente. Elles ont ainsi représenté une facture de 3 200 euros en moyenne par ménage, presque 200 euros de plus qu’en 2011. Cette augmentation est essentiellement due aux dépenses d’énergie dans le logement qui ont bondi de 11 % (chauffage, eau chaude sanitaire, cuisson, usages électriques).
Deux facteurs y concourent selon le ministère : la poursuite de la hausse des prix de l’énergie d’une part, même si elle a été globalement ralentie par rapport à 2011 (fortement pour le fioul, le butane, le propane, l’électricité, nettement moins pour le gaz de ville, énergie prépondérante pour le chauffage des logements) et d’autre part, les températures légèrement moins clémentes qu’en 2011.
En effet, même si l’année 2012 a été plus chaude que la moyenne 1981-2010 en France, et la neuvième plus chaude jamais observée au niveau mondial, selon l’Organisation météorologique mondiale, elle a été plus fraîche d’environ 1°C que l’année 2011, ce qui explique un recours plus important au chauffage.
B.P