L'Isolation Thermique par l’Extérieur fait son petit bonhomme de chemin sur le marché de la rénovation. Sur trois ans, le secteur affiche une croissance honorable (+22 %) avec près de 20 millions de m² d’isolation thermique par l’extérieur installés pour la seule année 2013, indiquait une étude réalisée par le cabinet de conseil TBC en octobre 2013. Solution pour lutter contre les déperditions de chaleur par les murs dans l'ancien non isolé et par les ponts thermiques, l'ITE consiste à envelopper totalement la maison pour assurer une continuité de l'isolation.

Un projet imaginé il y a longtemps

On compte en France quelques 250 000 millions de m² de façades (hors industriel) et seulement 10 000 millions de m² en ITE (réhabilitation y compris). Les logements collectifs sociaux restent le principal débouché du marché de l’ITE en surface installée en 2013. Un marché dominé largement par une technique, l’enduit sur isolant (hydraulique et organique) même si les bardages rapportés sur isolant rattrapent leur retard. Ce marché reste donc très marginal et appelle à être développé.

C’est dans ce cadre que s’inscrit le projet de recherche collaborative PAREX.IT, mené depuis 2010 par des industriels, universitaires et institutionnels coordonnés par ParexGroup. Ils travaillent au développement du premier parement extérieur pour isolation thermique appliqué directement par projection sur le gros œuvre. « En fait, l'idée nous est venue en 2004 » reconnaît Stéphane le Fay, Directeur Laboratoire R&D chez Parexlanko. Se présentant comme une alternative aux matériaux comme le polystyrène expansé (PSE) ou la laine de roche, l’enduit imaginé par ParexGroup intègre des granules super isolantes d’aérogel de silice nouvelle génération qui lui confèrent des performances thermiques de haut niveau.

Les performances thermiques remarquables du gel de silice

C'est à Saint-Quentin Fallavier en France (38), dans le Centre d’Innovation de ParexGroup, que les équipes de recherche ont mis au point un enduit, constitué d’une matrice hydraulique adjuvantée qui enrobe des granules super isolantes d’aérogel de silice nouvelle génération. Dans une boite, la substance ressemble à un amas de petits grains gélatineux et translucides. « L’aérogel de silice a fait ses preuves dans des secteurs exigeants, tels que l’aérospatial, où il est reconnu pour ses qualités de légèreté et d’isolation qui conviennent parfaitement aux combinaisons des spationautes et également comme bouclier thermique » précise Evelyne Prat, Directeur de l’Innovation.

C'est le groupe français spécialisé dans la chimie, PCAS, qui a abouti à la mise au point en laboratoire, au dépôt de brevet et à la mise en place de l’outil industriel de ce super isolant thermique. « Avec une conductivité thermique (λ) de l'ordre de 0,028 W/(m.K), les performances thermiques de ces mortiers à base de gel de silice sont bien supérieures au polystyrène expansé (λ =0,036 W/(m.K)) ou à la laine de verre qui est de 0,040 W/(m.K) » affirme Stéphane le Fay. Des performances qui en font un matériau de choix pour l’isolation, ou en complément. D’autant plus que l’aérogel de silice est totalement recyclable puisque composé presque exclusivement de silice. De plus, cet aérogel est un matériau très stable en températures. Un avantage certain en cas d’incendie car l’aérogel de silice est quasiment ininflammable.

Rendez-vous dans un an

Alors, quand verrons-nous ce parement extérieur pour isolation thermique appliqué par projection sur les chantiers ? « Avec le prix actuel du produit, nous pouvons réaliser des chantiers de luxe » annonce Eric Bergé, DG de ParexGroup. « La partie critique de ce projet reste le coût élevé des nanogels » précise ce dernier, qui compte sur le développement de la firme spécialisée dans la chimie, PCAS, pour qu'elle puisse obtenir les outils de production permettant une production de masse.

Actuellement en cours de test et de mesures sur une maison expérimentale construite sur la plateforme INCAS du CEA INES au Bourget du Lac (73), PAREX.IT se présente à ce stade comme une solution d’ITE prometteuse, permettant d’éviter les ponts thermiques en créant une enveloppe continue autour du bâti, s’adaptant ainsi à toutes les configurations particulières de bâtiments. Stéphane le Fay donne « rendez-vous dans un an pour définir les modèles d'applications de ce produit » annoncé comme véritable rupture avec les techniques actuelles utilisées pour l'ITE.
 

Bruno Poulard