« Un bâtiment bien isolé, ça n'est pas forcément un blockhaus» (S. Royal)
Six jours après avoir fait part de son intention d'inscrire l'obligation que « tous les nouveaux bâtiments publics ou recevant des subventions publiques soient à énergie positive » dans son projet de loi sur la transition énergétique, la ministre comptait sur cette visite pour tenir lieu d'exemple. « On s'aperçoit que la performance énergétique ne s'oppose pas à la qualité de vie. Du soin a été apporté », a-t-elle expliqué en quittant l'appartement d'un des locataires qui avait ouvert ses portes pour l'occasion. Et de poursuivre : « un bâtiment bien isolé, ça n'est pas forcément un blockhaus. La preuve, il y a ici des balcons. »
Les charges sur le chauffage et l'eau divisées par trois
Livré en février 2013, l'immeuble parisien de la rue Guénot a été conçu par le cabinet d’architectes Baudouin-Bergeron et construit par la Régie Immobilière de la Ville de Paris. Sa caractéristique principale réside dans ses 127 m2 de panneaux solaires photovoltaïques monocristallins qui lui permettent de produire autant d’énergie qu’il en consomme.
Ainsi pour une consommation totale d’énergie primaire de 32,6 kWh par m2 et par an, la production photovoltaïque totale atteint pour sa part 33,1 kWh d’énergie primaire par m2 et par an. Une belle opportunité pour les locataires de voir leur facture baisser. A titre d'exemple, les charges sur le chauffage et l’eau chaude sanitaire (ECS) seraient en effet divisées par trois par rapport à un bâtiment RT2005. La recette issue de la vente de l’énergie produite par l’immeuble étant réinvestie dans son propre fonctionnement.
« Plus il y a aura de commandes, plus le coût va baisser »
« Ce type de construction ne coûte pas plus cher contrairement aux idées reçues. D'autant qu'il diminue considérablement les frais de maintenance et d'entretien ; donc en réalité, ça rapporte » a résumé la Ministre. Mais comment se fait-il alors qu'architectes et maîtres d’œuvre n'optent pas encore systématiquement pour des constuctions à énergie positive, peut-on se demander à juste titre ? « Le fait que l'obligation ne figure pas dans les textes est ce qui bloque aujourd'hui : on se tourne en priorité vers ce qu'on connait, on préfère l'habitude », a estimé Ségolène Royal avant de rebondir en écho à sa récente annonce « dès lors qu'il y a subvention publique, il y a une obligation. Pour le logement HLM c'est une formidable occasion d'être en avance.» Selon elle, l'équation est simple : « plus il y a aura de commandes, plus le coût des bâtiments à énergie positive va baisser.»
Bien qu'ils commencent à apparaître en France, plutôt pour des bureaux, des écoles, ou des logements en zone rurale, les bâtiments à énergie positive demeurent encore rares sur le territoire. A ce titre, l'initiative de la ministre de l'Ecologie n'a pas manqué de faire réagir la semaine dernière. S'ils la saluent, certains pointent néanmoins des limites. « Un tel bâtiment ne peut pas être réalisé qu'en comptant sur la seule production élevée d'énergie », rappelle notamment Raphaël Kieffer, directeur général de Schöck France fabricant de rupteurs de ponts thermiques, il faut que la construction soit très bien isolée pour consommer le moins d'énergie possible, voire respecter les règles de la construction passive.(...) Améliorer progressivement la qualité et la performance des habitats dans l'esprit de la loi sur la transition énergétique pour aller vers la construction de bâtiments à énergie positive, voilà quel doit-être l'objectif des règlementations à venir ».
Audrey Le Guellec
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