Labo à ciel ouvert, Forbach teste des chaudières à pile à combustible
Source de chaleur, d'eau chaude et même d'un peu d’électricité, cette technologie innovante promet des réductions conséquentes sur les factures de consommation des ménages, grâce à des économies d'énergie de l'ordre de 40 %. « Dans les études que l'on peut mener, on a pu mesurer l'importance pour le consommateur d'être autoproductif d'une partie de son énergie. En effet, le réseau électrique français est de plus en plus saturé et partout en France, nous constatons des besoins croissants liés au développement des nouvelles technologies qui vont prendre de l'ampleur avec l’émergence des maisons connectées, a rappelé Ludovic Thiébaux. Partant de là, le projet est né d'un constat simple : la pile à combustible a atteint une maturité suffisante pour sortir des laboratoires et faire l'objet de tests en conditions réelles ».
Une première dans un ERP
Pour réaliser les expérimentations nécessaires à la validation des critères de performance et de faisabilité, la Mairie a mis à disposition trois sites. Ainsi, le premier module est installé dans un logement communal, occupé par le concierge du gymnase et de l’école de musique. Pour le second module, la sous-préfecture du Bassin houiller fait l’objet d’une première nationale : jamais encore une chaudière à pile à combustible n'avait été installée dans un établissement recevant du public, en l’occurrence la crèche du quartier du Wiesberg. Le dernier module sera installé d'ici peu dans un ensemble de deux logements collectifs de 120 m², dont les travaux de rénovation, toujours en cours, touchent à leur fin.
Équipée d'une pile à combustible qui transforme le gaz naturel en hydrogène, cette technologie de chaudière n’est pour l'heure pas autorisée en France tant chez les particuliers que dans les bâtiments publics. Forbach a ainsi bénéficié d’une dérogation pour les mettre en place. « Il y a eu une période où l'on avait l'impression que l'hydrogène, par le simple fait d'en parler, allait exploser. L'insistance des élus du territoire fait qu'aujourd'hui on a la capacité d'inscrire l'hydrogène dans une filière industrielle dans les années à venir » s'est réjouit le maire de Forbach, Laurent Kalinowski.
En effet, à l'issue de cette phase de test, l'enjeu du test de Forbach sera de convaincre les pouvoirs publics de faire entrer ces équipements dans la réglementation en vigueur dans l'Hexagone. « On ne peut pas considérer une pile à combustible comme un système à énergie renouvelable mais elle génère un gain sur l'energie primaire qui est important. Ce serait dommage que ces produits ne soient pas reconnus à la hauteur de ce qu'ils apportent, précise Ludovic Thiébaux soulignant par ailleurs que cette solution ne suppose aucun stockage de l'hydrogène. Le principe de fonctionnement repose sur l'autoconsommation. Je produis localement l'énergie et je la consomme.»
Procédé « totalement abouti »
Eprouvé en Asie avec 40 000 modules déjà installés au Japon, et introduit en avril dernier en Allemagne, « le produit pile à combustible est totalement abouti », assure Richard Cordonnier, directeur marketing et produits chez Viessmann, qui fournit les chaudières avec une pile signée Panasonic.
« L'ensemble est très compact et émet des émissions acoustiques très faibles, pas plus élevées qu'une chaudière traditionnelle. Très simple, la mise en service demande quant à elle même pas une matinée », assure Richard Cordonnier. « Le module pile, qui peut être positionné aussi bien à droite qu'à gauche du module chaudière, est prévu pour un démarrage par jour. D'une puissance thermique totale de 20kW et électrique de 750 W, il est destiné à fonctionner en continu pendant 20 heures pour se régénérer pendant 4 heures. S'agissant du mode de fonctionnement, celui-ci est toujours piloté par la chaleur et optimisé par le courant.»
© A. LG
Actuellement, on dénombre une demi-douzaine d’installations expérimentales de chaudières avec pile à combustible en France, parmi lesquelles figurent celles de Forbach, présentées ce jeudi. Les performances de ces dernières seront régulièrement contrôlées et instrumentées par le Costic (comité scientifique et technique des industries climatiques). Quant aux résultats complets de l’expérience, ils seront divulgués en 2016 après deux hivers de chauffe.
Audrey Le Guellec
© Georgespate