Une occupation néandertalienne découverte sur le chantier de l’A466
L’autoroute A466 a fait l’objet en 2012 d’un diagnostic archéologique préalable conduit par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), de manière à sauvegarder le cas échéant des données patrimoniales intéressantes. La richesse des territoires traversés a nécessité des fouilles approfondies qui permettent de recueillir les données archéologiques présentes sur le site.
Ce site préhistorique est implanté sur une butte lœssique dominant l'ancien lit de la Saône. Unique en Rhône-Alpes, cette séquence sédimentaire associe des dépôts d'origines fluviatile et éolienne qui renseigne sur l'évolution de la Saône durant le Pléistocène supérieur (128 000-11 000 ans). Initialement haute de 8 m et constituée d'une succession de paléosols et de lœss, le plus ancien, épais de plus de 2 m, est daté entre 55 000 et 35 000 ans, c'est-à-dire durant la fin du Paléolithique moyen. La fouille révèle une riche faune répartie sur trois niveaux et associée à des silex taillés abandonnés par les Néandertaliens.
Crane d'ours des cavernes | Fouille corne de bison |
L’ensemble des espèces animales découvertes caractérise un climat froid et un environnement steppique. Plusieurs centaines de restes osseux appartiennent majoritairement à de grands herbivores : mammouth, rhinocéros laineux, cheval, bison et renne. Les carnivores, moins nombreux, sont représentés par un crâne d'ours des cavernes et quelques ossements de loup. Ces ossements sont souvent isolés, plus rarement en connexions anatomiques. La plupart des accumulations résultent de l'action de l’homme : les animaux présents ont été chassés et/ou charognés par les Néandertaliens qui ont exploité ces carcasses, certains os présentant des traces de fractures d’origine humaine. Parallèlement, les archéologues constatent un déficit d’os longs, qui tend à montrer que les parties riches en viande ont été emportées, probablement sur un site d’habitat.
Le site de Quincieux offre donc l'occasion d'étudier les comportements de subsistance de l’Homme de Néandertal hors de son habitat ou de ses haltes de chasse, habituellement fouillés par les archéologues. L'industrie lithique est peu abondante et se compose de quelques nucléus ainsi que d'éclats de silex et de calcaire dur. Ici, les Néandertaliens n’ont eu besoin que de quelques éclats pour découper des quartiers de viande. Les études paléontologiques et archéozoologiques à venir seront capitales pour préciser la nature exacte du site et les activités qui s'y sont déroulées.
B.P