Au pied des hautes palissades installées par Bouygues, maître d’œuvre du chantier, une poignée de fidèles russes, appareils photo en bandoulière, ont assisté à la manœuvre samedi matin.

Au moyen d'une grue, le premier des cinq bulbes a été hissé à 37 mètres du sol pour rejoindre les hauteurs du bâtiment religieux, en présence du secrétaire d'État français chargé des relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, de l'ambassadeur de Russie Alexandre Orlov ainsi que du vice-premier ministre russe, Sergueï Prikhodko.

Le dôme a été fabriqué à partir de matériaux composites, par Multiplast, une entreprise basée à Vannes, en Bretagne, spécialisée dans la fabrication de grands multicoques de course autour du monde. Au total, 90 000 feuilles d'or seront nécessaires pour recouvrir les cinq bulbes de la future cathédrale de la Sainte-Trinité. 

Précédant l'inauguration officielle, prévue en octobre, le futur maître des lieux, l'évêque Nestor, a présidé une cérémonie du baptême des croix.

90 000 feuilles d'or nécessaires

La pose de cette coupole de huit tonnes est l'aboutissement d'un projet qui remonte à plusieurs années.

Lors d'une visite en France à l'automne 2007, Alexis II, alors patriarche de l'Église orthodoxe russe (décédé en décembre 2008), avait souhaité la construction d'une nouvelle église orthodoxe à Paris, et l'ancien président Nicolas Sarkozy s'était dit prêt à soutenir ce projet.

Dans cette optique, l'État russe avait acheté en 2010 quai Branly, non loin de la tour Eiffel, un terrain de 4 000 m2 où se dressait le siège de Météo-France. 

Classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, le site se trouve à proximité immédiate de plusieurs lieux d'intérêt comme le Palais de l’Alma, la Tour Eiffel, le Musée du quai Branly, l’Esplanade des Invalides rive gauche, le Grand Palais et le Musée d’Art Moderne rive droite.

Situé dans ce secteur très protégé par les règles d'architecture et du patrimoine, le projet architectural initial a été retoqué une première fois pour des raisons esthétiques par l'ancien maire de Paris Bertrand Delanoë.

Un objectif de certification HQE

C'est finalement celui de l'architecte Jean-Michel Wilmotte qui avait été retenu. Outre l'église, le programme comprend un centre paroissial (bâtiment Rapp), composé d'un auditorium et de son foyer, de bureaux, d'appartements meublés, ainsi que d'une école. Il abritera également un centre culturel (bâtiment Branly) comprenant une librairie, des salles d’exposition et un café.

« L’ensemble du projet, dont l’église est emblématique, se veut la figure de proue d’une nouvelle identité culturelle à Paris. Le parti pris architectural cherche ainsi à afficher diversité et rayonnement », explique l'architecte sur son site. Les dômes, « surmontés de croix orthodoxes (...) interviennent comme un phare urbain dans le paysage parisien ».

« Dans cet esprit de pureté, de pérennité et d’insertion harmonieuse, les matériaux utilisés sont nobles : la pierre de Bourgogne, le verre et le bois viennent habiller des volumétries simples aux hauteurs maîtrisées », ajoute-t-il.

Après la démolition du bâtiment de Météo-France, le chantier avait démarré en juillet 2014. Le projet s’inscrit dans une démarche environnementale avec un objectif de certification HQE.

CT (avec AFP)