Le stade de rugby Arena 92 à Nanterre se mue en salle de spectacles
Ceci n'est pas un stade. Cette phrase inspirée de Magritte pourrait résumer à elle seule tout le paradoxe qui règne autour du projet de l'Arena 92 à Nanterre. De l'extérieur, une enceinte à l'allure similaire à celle des grands stades, à l'intérieur des équipements et des espaces pensés pour répondre à différentes configurations, et différentes manifestations à la fois sportives et culturelles.
« C'est un équipement multi-modal », tranche Jacky Lorenzetti, président du club de rugby Racing Metro 92. Après le centre d'entraînement et de formation à Plessis-Robinson, « c'est le dernier étage d'une construction qui fait que le Racing deviendra un club pérenne de rugby », ajoute celui qui est également propriétaire de l'enceinte et qui attend un bénéfice de 8% du chiffre d'affaires.
Vue en coupe de l'Arena 92 en mode concert © AE CDP
Mais pour rentabiliser l'équipement, l'enceinte est pensée dès la conception comme une salle de spectacles modulables, afin d'accueillir en plus des matchs de rugby, une cinquantaine de manifestations culturelles, des concerts, des opéras ou encore des conventions. Avec ses trois tribunes, sa jauge variable et son écran géant de 2400 m2, le plus grand du monde, l'Arena pourra contenir de 10 000 à 40 000 personnes selon les événements, dans des conditions confortables.
Des contraintes à la pelle
La modularité du programme a posé plusieurs problèmes lors de la phase conception. « Nous avons été confrontés à plusieurs défis : un défi de structure car nous avons une bretelle d'autoroute qui passe juste en dessous, un défi au niveau de la couverture avec cette grande surface et une hauteur réglementée. Il nous fallait également réussir l'acoustique car nous sommes en plein quartier urbain avec des bureaux », énumère Christian de Portzamparc, l'architecte du projet.
Une partie des 13 km de gradins / Le futur emplacement de l'écran géant vu des gradins
« Le fait que ce ne soit pas un stade mais une salle de spectacles surajoute des équipements, notamment pour le public avec des commodités qui remplissent tous les volumes vides sous les gradins. Cela pousse également le niveau d'exigence dans la conception technique de la structure même de l'ouvrage, notamment au niveau du traitement de l'air et de la performance acoustique », ajoute Guillaume Duché, directeur de projet de l'Arena pour Vinci Construction en charge du pilotage du groupement de conception et de la réalisation de l'ouvrage.
D'où l'abandon de certains éléments de la structure, comme la toiture rétractable qui n'aurait pas permis de garantir une bonne isolation acoustique. La toiture prévue finalement sera fixe et pré-intègrera toutes les installations scéniques. Le sol, mixte et modulaire, sera recouvert d'une pelouse synthétique, avec des agrégats naturels à l'intérieur des fibres, composés de copeaux, de feuilles de riz et de liège « pour plus de confort », précise Jacky Lorenzetti.
Les chiffres clés117 000 m2 de surface 37 mois de travaux |
Des écailles de verre qui reflètent le ciel
D'un point de vue architectural, « l'objectif était d'éviter de créer seulement une boîte fonctionnelle. Nous avons donc imaginé une structure toute en légèreté avec des écailles de verre bombées qui reflètent le ciel, la lumière et qui pourront s'illuminer de différentes couleurs en fonction de l'événement, ainsi qu'une coque en béton qui permettra aux promeneurs de comprendre qu'il s'agit d'une arène. L'extérieur reflètera la mixité du programme », commente l'architecte. Le programme prévoit en effet en plus de l'enceinte, la création de bureaux accolés pour le Conseil général pour un coût de 180 millions d'euros.
Pose de la première écaille en test / Vue sur la Défense depuis l'enceinte de l'Arena
Soutenu par la ville de Nanterre, l’EPADESA et le Conseil Général des Hauts-de-Seine, l'Arena d'un coût de 200 000 euros s’inscrit également dans le périmètre de l’opération d’intérêt national Seine-Arche. Tout l'enjeu est donc d'inscrire au mieux ce nouvel équipement dans le paysage urbain. Le projet des jardins de l'Arche sera ce point de liaison, reliant via un cheminement doux, la Grande Arche de la Défense à l'Arena.
« C'est une idée un peu folle que de construire une salle si proche du centre urbain, reconnaît Christian de Portzamparc, mais elle pourrait bien devenir un coeur vivant pour le quartier. Urbanistes et architectes, nous voulons à tout prix éviter de reproduire l'erreur de l'urbanisme moderne du milieu du XXe siècle avec le zoning. Aujourd'hui, il faut apporter de la mixité à la ville au lieu de séparer les fonctions en différents lieux ».
Fiche techniqueConstructeur : Vinci Construction France |
Claire Thibault
© C.T